Perçue comme un outil, l'automobile ainsi conçue s'apparente au téléphone portable. Comme ce dernier, elle est bourrée de fonctions inutiles, illusoires et utopiques, tandis que l'essentiel - téléphoner ou en l'occurrence circuler confortablement - n'est pas toujours assuré à 100 % et au plus bas coût.
La Fiat Idea est sur bien des points caractéristique de cette nouvelle génération de voiture, conçues pour les gens qui n'aiment pas trop l'automobile et n'éprouvent guère de plaisir à la conduire. Il s'agit donc de les séduire autrement qu'avec des moteurs performants et des châssis sophistiqués. On en revient au monospace qui, à l'instar de l'Idea, offre une belle collection de futilités. Heureusement, le constructeur italien reste un creuset de vrais amateurs d'automobiles qui ne peuvent du jour au lendemain se résoudre à produire un outil purement fonctionnel et dénué d'émotion. De fait, l'Idea transforme une base Punto vieillissante en monospace innovant bourré de rangements. Le lifting est efficace adroit mais ne parvient pas à effacer quelques rides, visibles dans les domaines du style et des caractéristiques aérodynamiques. Si l'Idea présente un profil avantageux et plaisant, de face, elle semble faire la moue tandis que la poupe se révèle particulièrement banale. Si on y ajoute des portes arrière à l'angle d'ouverture limité et un empattement de 2,51 m seulement, à comparer aux 2,67 m du Multipla, plus long de seulement 6 cm, on a fait le tour du magasin des antiquités.
C'est à l'intérieur que l'Idea fait découvrir sa personnalité de véhicule familial. La position de conduite est en hauteur et la planche de bord, truffée de rangements, est esthétiquement très réussie même si le tableau central des instruments est peu lisible. Le levier de vitesses rehaussé est à portée de main, comme à bord des Fiat Ulysse, Multipla et Panda. La console de rangement au-dessus du pare-brise, la grande hauteur sous pavillon et le vaste hayon constituent en outre un espace à vivre des plus agréables. En point d'orgue, la modularité se base sur des sièges individuels réglables en tous sens. Les sièges arrière coulissant dans le sens de la longueur et les dossiers des sièges avant basculant vers l'avant, on peut obtenir une position couchette, qui participe des futilités du véhicule. L'expérience montre en effet qu'on ne « dort » pas dans une auto, que l'on ne s'y repose guère et qu'au moindre arrêt, on n'a qu'une hâte, celle d'en sortir !
Côté technique, on retrouve les composants majeurs des Punto de dernière génération. C'est en particulier le cas des motorisations 1.4 à essence de 95 ch et 1.3 Diesel Multijet de 70 ch. Parfait dans la Panda, ce propulseur est ici à la peine dans un véhicule pesant 1 200 kg, dont l'étagement des rapports de boîte privilégie l'économie au détriment des performances, surtout en cinquième. Il faudra attendre le 1.9 Multijet de 100 ch en mars 2004 pour obtenir des performances convaincantes.
On retrouve avec satisfaction la direction assistée électriquement avec fonction City, qui renforce l'assistance à basse vitesse pour faciliter les manoeuvres de stationnement, et un freinage puissant et endurant particulièrement rassurant. Comme, par ailleurs, l'Idea offre deux airbags et l'ABS avec répartition électronique EBD dès le premier niveau et deux airbags supplémentaires en deuxième niveau, le bilan sécurité est tout à fait satisfaisant. En option, l'Idea peut recevoir des capteurs de pluie et de luminosité qui pilotent le fonctionnement automatique des essuie-glaces et déclenchent l'allumage des projecteurs.
Sur route, le comportement se révèle sain, avec une bonne tenue de cap et une tendance au sous-virage lorsque l'on approche de la limite d'adhérence. En outre, à ce niveau de puissance, la motricité ne pose pas de problèmes.
Le confort pâti un peu des suspensions fermes, aux réactions vives sur les obstacles saillants, du type plaque d'égout, que l'excellente qualité des sièges ne parvient pas à compenser totalement.
Fonctionnelle et très pratique, bien équipée, vaste, sûre et sobre, la Fiat Idea remplit quasiment à la perfection son rôle de véhicule familial économique. Capable de séduire les jeunes consommateurs, il lui manque toutefois une étincelle esthétique et un supplément d'âme pour pouvoir emballer les autres.
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